Le-bizarre-qui-danse

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La dépression ? Vue de l'intérieur d'un coeur...

 

 

La dépression vue de l'intérieur.

 

 

Je l'ai toujours vue rôder autour de moi, s'en prendre aux gens que j'aime le plus sur terre : ma famille et même des amis.

"Mais, qu'est-ce-que c'est que ça qu'une dépression ? Est-ce-que ça peut arriver à des chrétiens, ça ?

Est-ce-que ce n’est pas dangereux d’en parler ?"

 

Il s'agit d'une maladie (de l'ordre d'un trouble mental)[1] et malheureusement oui, elle peut se manifester chez des chrétiens, même forts dans la foi.

Et oui, ça peut être dangereux d’en parler, on touche à un très fort tabou sociétal et là, je ne parle même pas de l’Eglise !

 

La dépression à sculpté ma vie.

 

Je l’ai vue vider mes parents de toute joie, de bonheur et du rire… Les affaiblir physiquement et émotionnellement en me sentant impuissante face a leur détresse. Je l’ai vue, se transmettre de père en fils ; mon petit frère est également touché.

 

Elle se manifeste sur toutes les gammes de l’amertume et du ressentiment, à la moindre blessure émotionnelle, elle s’engouffre dedans et l’élargit démesurément. Son but : vous tuer lentement en vous faisant souffrir le plus possible.

 

Une arme puissante (mais ignorée) forgée par l’ennemi qui ronge des milliers de personnes dans l’indifférence, (un vague malaise méprisant tout-au-plus) quasi-total.

 

Quand j’étais petite, je ne savais pas pourquoi ma mère était si souvent triste, ni pourquoi de petits détails pouvaient la mettre dans tous ces états. Je sentais quelque de chose de lourd dans l’atmosphère quand elle faisait une crise… Une envie irrésistible de s’enfuir hors de cette oppression très forte. Très tôt, je me suis jurée dans mon cœur de ne jamais accepter la dépression dans ma vie, mais entre ce qu’on décide et ce que l’on vit réellement, il y a parfois des écarts…

 

Plus tard, une maladie physique a commencé à ravager mon père (non mortelle, mais sans traitement réellement efficace à ce jour). C’est allé au point où, il a été brutalement en congé longue maladie, car impossible de continuer à travailler, puis ensuite à la retraite.

 

Mon père aimait profondément son métier, le coup de foudre de l’arrêt de son travail a dû lui fendre le cœur, car quelque mois plus tard, il était sous antidépresseur. Ça fait 5 ans maintenant qu’il l’est. Depuis 4 mois, voilà que mon frère est lui aussi sous traitement.

 

J’ai vu ma mère pleurer toutes les larmes de son corps en priant Dieu de délivrer notre famille de ce mal.

J’ai entendu mon père crier à Dieu dans la salle de bain (là où il pensait que nous ne l’entendions pas) et sangloter, alors que devant nous, jamais il n’a rien montré. J’ai entendu toutes les notes du désespoir vibrer dans sa voix, j’ai vu dans ses yeux à quel point il était brisé.

 

J’ai vu mon frère pris dans la honte de la situation, essayer de cacher ce qu’il vivait pendant des mois. Pendant un an, je n’ai rien vu chez lui, puis un jour…

 

J’ai senti le ton de sa voix qui changeait au téléphone, de claire vers de plus en plus grave. J’ai vu son regard plein d’espoir, se vider de joie et se remplir de peur. Je l’ai vu aux prises avec lui-même, et les autres qui ne le comprenaient pas. J’ai essayé de l’aider, j’ai fait de mon mieux mais … tu te sens impuissant. Et tu l’es.

 

Alors je les ai regardé un jour tous les trois pendant un repas de famille, et j’ai décidé d’arrêter de me charger d’eux. Je ne peux pas les aider, je vais juste les aimer et les accepter du mieux que je peux. Je ne suis pas Dieu. En les lui confiant, j’avais peur. Honte de lâcher prise, peur de les abandonner sans rien faire. Mais je lui fais confiance, Dieu connait toutes choses même, celles qui nous paraissent inexplicables. Nous traverserons cette épreuve ensemble, je vais être à leur côté, et ne pas les abandonner. Nous traverserons le pire ensemble, c’est là tout ce que je peux faire, les réconforter et partager leur peine.

 

L’article précédent était virulent contre l’Eglise, car la dépression de mes parents et aussi en grande partie due au rejet de celle-ci à leur encontre, et pas seulement à leur situation déjà pas si évidente.

 

Un rejet total ?

 

Je suis née dans une famille chrétienne, je me souviens vaguement qu’à l’époque malgré la dépression de ma mère nous étions encore plus ou moins heureux. Puis, un jour, un pasteur qui appréciait beaucoup mes parents, qui les soutenait, et qui les aimait sincèrement est parti. A partir de là, mes parents n’ont plus jamais réussi à être accepté sincèrement et apprécié par des chrétiens quels qu’ils soient.

 

Ils sont allés d’église en église, de blessure spirituelle en blessure spirituelle allant même jusqu’à l’abus spirituel (oui, ça existe). Et pas seulement pour eux, j’ai moi-même souffert de pasteurs qui me traitaient de rebelle et d’autres trucs encore… car j’étais assez perturbée étant petite !

Bref, je ne vais pas m’étendre sur le sujet.

 

Mais là, leurs cœurs se sont brisés. Et maintenant, ce sont eux qui rejettent toutes les Eglises, préférant rester seuls. Ils ont peur d’y retourner, et angoissent même à cette seule idée. La déception de l’Eglise a été si sévère qu’elle les a paralysés pendant plus de 15 ans et ce n’est malheureusement pas encore terminé.

 

Par contre, ils n’ont jamais perdu la foi, ni cessé de chercher Dieu. Ils sont toujours restés unis et fidèles l’un à l’autre ainsi qu’avec Dieu ! Jamais je ne les ai vu avoir ne serait-ce, que l’intention d’abandonner Jésus. Mes parents ne sont pas des « faibles » et ils luttent contre une adversité que peu de gens pourraient supporter.

 

Mais ils se sentent abandonné, méprisé… on sait tous que cela entraine la dépression et l’isolement. Elle était déjà présente, et là avec le contrecoup de l’Eglise, elle les a recouverts entièrement.

Désespérée, de cette situation ingérable encore aujourd'hui, je cherche de l’aide pour ma famille, et je me heurte contre le mur de l’Eglise…

 

Dès fois, j’ai peur pour eux. Je me dis que ça pourrait même aller jusqu’à un point de non-retour (que je préfère ne pas mentionner), tant ils sont au bout du rouleau et ont besoin de guérison sans jamais y avoir gouté.

 

Alors oui, je me suis demandée, mais POURQUOI ?

Pourquoi ma famille entière est victime de ce fléau ?!

 

Je me suis révoltée très jeune, contre Dieu (vers 7 ou 8 ans), l’Eglise, les chrétiens et ce, en nourrissant une haine féroce contre eux. Tout espoir de mes parents pour me voir accepter Christ étaient pratiquement nul.  Étonnamment, je n’ai jamais douté que Dieu était vivant, mais je lui en voulais tellement ! Je voyais les autres familles heureuses autour de moi et je maudissais « tous ces hypocrites qui avaient trahis mes parents » et qui m’avaient trahis aussi.

 

Je considérais que puisque l’Eglise avait réagi de cette façon, Dieu en était Le responsable.

 

La haine qui à faillit me tuer :

 

Alors, j’ai décidé de tout faire pour fuir l’Eglise, Dieu, et tout ce qui le concernait. Ça m’a beaucoup éloigné de mes parents, le sujet « Jésus » était un sujet de conflit permanent à la maison. Pour moi, Dieu était la source de tous mes malheurs. Ça se gâtait de plus en plus pour moi… Je me suis vue aller droit en enfer, tant j’étais devenue sombre et haineuse, le seul sujet de Jésus me faisait entrer littéralement dans des crises d’angoisse et de désespoir intense. De plus, j’étais une catastrophe à l’école et au collège, et c’était des problèmes non pas forcément de comportement mais de compréhension. En gros, mes profs et mes camarades pensaient que j’étais une handicapée mentale gravement atteinte et que je n’aurais pas d’avenir.

 

Mais, je me battais pour essayer de prouver le contraire, je ne saurais dire toute la frustration qu’on éprouve en travaillant plus que quiconque pour obtenir des résultats tellement insuffisants ! Toute mon attention était concentrée sur mon désespoir et sur la haine et le dégout profond que m’inspirait la société. La seule raison pour laquelle je ne n’ai pas décidé de mettre fin à mes jours à cette époque, était que je voulais me battre pour mes parents, contre la dépression. Et j’avais des comptes à régler avec Dieu, je songeais très sérieusement à basculer du côté « obscur de la force », pensant fermement que de toute façon j’étais déjà condamnée, alors autant y aller à fond.

 

Bref, j’étais perdue. Mes parents aussi.

 

Puis un jour, contre toute attente, j’ai décidé d’accepter Christ et de revenir vers lui, le témoignage d’un type m’avait touchée en plein cœur dans un camp de jeunes (Patrick Fontaine). J’avais déjà 18 ans et j’allais vers mes 19 ans. Un long travail de restauration à commencé depuis ce jour, en moi.

 

Mais la question demeure, pourquoi moi ? Pourquoi la plus indigne de la famille, celle qui à abandonner Dieu et même qui s’est tournée contre lui ? Pourquoi, depuis ma conversion, je ne vois pas mes parents guérir alors qu’eux n’ont jamais abandonnés ? Pourquoi est-ce-que au contraire la dépression gagne du terrain en eux ?

 

J’ai aussi enduré des déceptions à l’Eglise, j’ai été rejetée aussi par des personnes dans le ministère et ça a été violent pour moi. Mais, ayant vu comment mes parents étaient, je m’étais juré de ne jamais abandonner, je prenais la décision de ne jamais quitter l’Eglise, même malgré tout ça. Et j’ai aussi rencontré des gens formidables et eu des révélations de Dieu au cours de ma route qui m’ont aidée à tenir. Merci, à vous tous d’avoir apprécié une paumée comme moi dans l’Eglise !

 

Et maintenant ?

 

Oui, j’ai fait une overdose de l’Eglise, je suis épuisée des gens, du système de leadership, et du silence de Dieu concernant la situation de ma famille.

 

Oui, je souffre, je crie et je pleure. Mais je ne peux pas abandonner Dieu, il doit avoir tissé un fil invisible qui me relie secrètement à lui ! Et si vous êtes toujours là, malgré les difficultés alors certainement qu’il en a tissé un pour vous aussi !

 

Oui, je suis cynique, parfois amère et révoltée et je refuse de me taire en attendant que sa « aille mieux » !

 

Mais je peux dire que même si je sature, si je stoppe tout, que je me sens en dessous de tout... Dieu lui ne stoppe jamais ! Mon cri n’est pas : « Je n’abandonnerais jamais ! », car je suis faillible, mais : « Il ne m’abandonnera jamais », car lui est infaillible ! Je prie pour que ce soit aussi le vôtre.

 

Je parle au cœur de mon combat, en espérant que ça aide ceux qui se heurtent silencieusement au désespoir dans l’Eglise, et qui sont isolés !

 

Cet article je le dédie pour tous les blessés de la vie et de l’Eglise. Pour tous ceux qui souffrent moralement d’une dépression, qui ont honte, qui n’osent pas parler de peur du « jugement religieux » de ce qu’ils traversent. Pour tous les paumés qui se sentent comme des extraterrestres, abandonnés, mal-aimés, méprisés, déçus, amers, vulnérables, sans intérêt…

 

C’est un mensonge de l’ennemi, la dépression est une arme dont il se sert à notre insu pour détruire les gens et l’Eglise. Tant que l’Eglise refusera de reconnaître le problème, il restera.

 

Il y’aura encore une suite qui parlera de mon cheminement pour aimer les dépressifs.

 

Encore une fois, j’assume entièrement la totalité de l’article, je ne détiens pas la vérité universelle sur le phénomène, je partage juste ce que je ressens.

 

Trop longtemps, je me suis écrasée dans l’ombre de la honte sans rien dire par peur. Mais, maintenant je n’ai plus peur.

Voyez-moi, comme vous le voulez, ça ne me dérange plus. Je sais que je suis enfant de Dieu, même avec toutes ces difficultés.

 

Be bless.


[1] Se référer à l’article : « La dépression dans l’église ? Hein !? »

 

 


30/09/2016
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