Le-bizarre-qui-danse

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La dépression dans l'Eglise ? Hein ?!

 

 

 

 

La Dépression, le déni total ?

 

Pour une fois, je me permets d’écrire sur un sujet sérieux, peu abordé car plus ou moins tabou dans la société mais plus particulièrement (concernant ceux qui le sont) pour les chrétiens.

 

J’aborde le sujet de mon point de vue et avec mon vécu, donc il se peut que ce que j’avance soit provoquant, dérangeant, révoltant…etc.

Et je l’assume totalement !

Pourquoi un tel sujet, pourquoi maintenant ? Une réponse simple : j’ai entendu trop de bêtises et de jugement sur le sujet pour ne pas l’ouvrir !

 

Point Informationnel :

 

1°) La dépression est une VRAIE maladie, un trouble mental. Et elle touche beaucoup plus de personne que nous ne le pensons, malheureusement (350 millions de personnes dans le monde en souffrent[1]). La France est première au palmarès mondial avec un taux de dépression de 21%, suivie des États-Unis avec 19,2%.[2]

 

2°) La dépression ne peut pas s’expliquer seulement sur la soi-disant « faiblesse personnelle / la faiblesse de caractère » d’une personne. Beaucoup plus de critères entrent en jeux (passé difficile, situation familiale et professionnelle, solitude…). Non, la dépression n’est pas juste une question de déterminisme personnel, de « la volonté de s’en sortir ». Il est d'ailleurs scientifiquement prouvé qu’il est impossible de s’en sortir seul.

 

3°) La Dépression est une maladie difficile, mal connue des chercheurs et du public. Et surtout, la personne qui en souffre est perçue comme entièrement responsable de son état. Aucune autre maladie au monde ne provoque un tel rejet, méfiance et mépris de la société vis-à-vis des personnes souffrantes. Autrement dit, il est plus populaire d’avoir un cancer qu’une dépression.

 

Pourquoi j’en parle ? :

 

Certains savent que chaque membre de ma famille est atteint de cette maladie, d’autres non. Mon père est sous traitement depuis des années, mon frère l’est depuis peu, et ma mère l’a toujours été… Donc, je me contente d’en parler en tant que témoin, car je ne suis pas scientifique pour deux sous, mais je connais bien le fléau. Je l’ai vécu et je le vois ronger ma famille chaque jour.

 

Une autre raison, c’est le dégoût et le mépris non avouable que la mise à jour de cette situation provoque chez les gens. Surtout chez les chrétiens. Et je trouve ce manque d’empathie et de compréhension complétement aberrant, pour rester polie !

Voici mon ressenti sur la façon dont la dépression est perçue dans nos milieux chrétiens bien-pensant, n’en déplaisent à certains.

 

Premier problème que j’ai rencontré :

 

Une église sélective, qui ne veut tirer que le « meilleur » des gens. Un choix de personnes, les plus talentueuses est fait (le chant, les instruments, et le charisme sont particulièrement prisés et recherchés). Le phénomène est plus connu sous le terme à la mode : leadership.

 

Bref, help ?!

 

Je croyais qu’une église était spécialisée justement dans la guérison, la restauration des gens PERDUS, et dans l’accès à l’évangile de tous les hommes et femmes, à l’image de Jésus.

Et puis en plus, juste pour info, il est dit dans la bible que Jésus n'avais rien pour attirer l'œil, donc NON Jésus n'était pas un beau gosse, et les disciples n'étaient pas les personnes les plus charismatiques et VIP de leur époque, au contraire ! 

 

Mais revenons à nos moutons,  ce que j’ai vu (ça n’engage que moi), c’est que seules les personnes considérées « à gros potentiel » bénéficient réellement de cela. Je vous dresse le portrait du parfait leader chrétien très recherché : si possible une belle apparence, un beau style vestimentaire, du charisme avec des « followers », une capacité « innée » à leader des gens, le positivisme (toujours paraitre bien et fort dans la foi), le don de « connecter » facilement avec les gens… mais surtout pas, surtout pas DEPRESSIF, où même surtout pas quelqu’un qui se bat contre la dépression.

 

Enfin voyons, la dépression n’existe pas dans l’église ! Gnéé ?!

 

Alors, oui c’est vrai j’en veux à l’Eglise (avec un grand E), car dans l’ensemble l’Eglise a condamné les miens (moi y compris) ou, elle nous a tout simplement ignorés quand nous lui demandions un peu d’aide.

 

Vous tenez des réunions (payantes parfois !) ou vous venez de toutes part pour écouter des témoignages poignants de grands hommes de Dieu qui sont passé par les choses les plus difficiles que l’on puisse imaginer et qui vous racontent comment Dieu les à relevés de la situation. Et vous les applaudissez en criant alléluia et en vous sentant encouragés. 

Ensuite, lorsque vous tombez sur un chrétien qui lutte désespérément contre une dépression, vous vous détournez de lui en lui envoyant des versets sur la joie du Seigneur en pleine face...

Pourquoi ne s’intéresser qu’à la deuxième partie de l’histoire, pourquoi refuser de voir la saison de combat de l'autre ? Et pourquoi refuser de soutenir ceux qui s’y trouvent en attendant que Dieu les relève ? C’est maintenant qu’ils ont besoin de soutiens pas après quand tout ira bien.

 

Alors OUI, c’est dur et c’est délicat de soutenir une personne qui traverse une dépression, car vous avez peur de le devenir vous-même en restant avec elle. Oui, c’est dur d’entendre tout ce qu’elle pense sur la vie, car elle n’a plus d’espoir et oui elle se plaint car il y a des choses injustes dans la vie ou graves qui lui sont arrivée. Vous avez l’impression que de toute façon, rien de ce que vous pourrez dire ne pourra l’aider, vous vous sentez impuissant... Alors autant prendre congé de la personne en la sermonnant sur le fait que se plaindre n’arrangera pas sa situation…

 

Personnellement, j’en ai trois dans ma famille, et en fait je n’essaie plus de les aider mais juste de les aimer.

 

Pourquoi ceux qui ont le plus besoins d’amour et de soins sont les plus délaissés, et ceux qui sont limite étouffés par toute l’adulation qu’on leur porte en ont toujours plus qu’il n’en faut ? Drôle de conception… Pourquoi courrons-nous après les gagnants et ne sommes-nous pas plutôt intéressés par le fait d’apprendre à le devenir et d’aider les autres à gagner ?

 

Les victoires ne sont le fruit que de longs combats, et je suis désolée mais NON je ne cacherais pas la saison dans laquelle je vis sous prétexte que ce n’est pas normal de raconter sa souffrance, que ça ne rentre pas dans la norme. Nous devrions avoir la liberté de nous exprimer sur la dépression sans déclencher tout le mépris de l’église à nos trousses ! Je suis fatiguée de me taire, de me tapir dans l’ombre, d’attendre de gagner tous mes combats avant d’oser en parler ! Pour tous ceux qui ont voulu me mettre une "muselière spirituelle", je vous emmerde !

 

Oui, je ne suis pas spécialement « vertueuse » comme femme, je dis toute une flopée de "râleries", et de gros mots (haha, je sais que certains considèrent qu’une femme qui dit un gros mot n’est plus une femme mais c’est faux) ! 

Quand je ne suis pas bien, je pleure, je crie, je ne suis pas discrète et j’ai le droit de ne pas l’être, je n’ai pas envie de me plier à tous ces dogmes religieux autour de la "parfaite femme chrétienne" !

Oui, on dit que suis une grande gueule (où du moins l'étais-je), effectivement, il m’arrive souvent de me tromper, d’être maladroite, de dire des trucs que je ne devrais pas dire, de faire des choses que je ne devrais pas…

 

Mais je n’en suis pas moins une fille de Dieu dans toute sa splendeur, et je l'aime avec tout ce que je suis !

Je ne me laisserais plus jamais enfermer dans un cocon religieux, j’ai décidé de ne plus chercher à plaire aux religieux.

 

Je suis libre, et j’ai la liberté de parler de tous les sujets et de dénoncer ce qui me semble profondément injuste.

 

Je ne cherche pas à critiquer à tord et à travers l'Eglise, mais parfois il faut aussi savoir ouvrir les yeux sur ce qui n'est pas bon et se remettre en question sur le "système".

 

C'est ce qui fait le plus de mal aux gens au final, cette hypocrisie religieuse du "tout vas bien, je vais bien" et cela blesse bien plus de personne que ce que nous pouvons imaginer, malheureusement.

Si aider les autres est synonyme d'ignorer leur souffrance en balançant gracieusement 2 ou 3 versets bibliques et en les regardant de travers, alors ce sera sans moi.

 

Je n'ai jamais rêvé d'une Eglise entière les bras tendus dans une boite, vers des gens sur une scène. Mais, j'ai rêvé d'une Eglise où les membres se soutiennent les uns les autres, et ont les bras tendus, ouverts vers l'extérieur. Et vous ? Que voulez-vous ?

 

Attention, j’ai cessé de me taire !

 

Il y’auras une suite, le sujet est loin d’être clos.



[1] Chiffre de l’OMS, disponible à l’adresse : http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs369/fr/

 



18/09/2016
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